Les Amis d’Al-Rowwad

Palextile sur Radio Libertaire

La chute du mur de Berlin, il y a 20 ans : un symbole de liberté. C’est, à part quelques exceptions près, le même discours sur les medias friands de commémoration à sensation et singulièrement oublieux des autres murs qui séparent, se construisent, condamnent, les murs de l’exclusion, de la honte… Et ils sont nombreux : entre le Mexique et les Etats-Unis, entre la Palestine et Israël, entre le Maroc et l’Espagne… Les murs s’érigent, les ghettos se multiplient…

Au lieu de commémorer vingt après, la destruction
d’un mur, il serait plus réaliste d’analyser et de lutter
contre ce phénomène de ghettoïsation présenté
comme une protection. Les politiques sécuritaires s’emballent et
ont des dérives dangereuses comme cela est abordé dans le film
documentaire de Gilles Perret, Walter, retour en résistance.

Ces murs symboles de destruction de paix et de vie sociale…
Combien d’années encore devons-nous attendre pour commémorer
leur chute ?

Chronique Rebelle
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Nous avons choisi aujourd’hui de parler, avec les deux
coordonnatrices — Marwa Hammad et Laure —, d’une initiative
qui saute le mur de l’occupation israélienne et de raconter une
culture — la culture palestinienne — à travers la création
et la mode. Mais oui la mode, et ce n’est pas futile lorsqu’elle
symbolise une forme de lutte contre ce mur qui sépare deux peuples.

« 
Ce projet vise plusieurs objectifs : ? illustrer la beauté et la variété
des vêtements traditionnels, reconnaître le sens des couleurs, la
signification des motifs, identifier les subtiles influences liées à
l’histoire de la Palestine, soutenir le développement économique
et la production textile palestinienne, développer le travail à
domicile, pérenniser les collections Palextile en collaboration avec
le collectif de femmes du Camp de Aïda et enfin diffuser la production
textile palestinienne en adaptant les vêtements importés aux critères
de la mode.
 » Bref à construire un pont qui saute ce mur de
l’humiliation.

« À ce peuple prisonnier, déclare les
responsables du projet, nous souhaitons rendre sa dignité et faire entrer
la reconnaissance de sa culture dans notre vie quotidienne, et sa place d’acteur
dans l’économie mondiale. La mode que nous proposons offre une
autre image de la Palestine : celle d’une population créative et
plurielle... bien loin des clichés véhiculés par les grands
médias
. »

Palextile et industrie textile

Traditionnellement,
la broderie palestinienne est un savoir faire féminin qui malgré
l’occupation est préservé. Palextile est un projet de soutien
et de valorisation de ce savoir faire. C’est le fruit d’un travail
entre deux associations, une ici et une là bas. Al Rowwad dans le camp
de réfugiés d’Aida et les Amis d’Al Rowwad en France.

Ce type de projet permet à des collectifs de brodeuses
d’avoir une place dans l’économie palestinienne. Avant de
présenter le contenu de Palextile, il est indispensable de présenter
le contexte de la production textile en Palestine.

Pourquoi un projet autour du textile ?! La broderie d’artisanat
palestinienne au point de croix est largement relayée en France par le
mouvement de solidarité avec la Palestine. En revanche, on connait moins
la donnée suivante : Le secteur textile a été jusqu’à
la deuxième Intifada le 2 ème employeur après le BTP.

Il y a en fait deux types d’économies dans le
secteur textile :

- une « industrielle », plus : institutionnelle,
productiviste, commerciale, capitaliste, piloté par l’occupant
(celle qui emploie la masse de travailleurs, cependant ultra réduite
depuis 2eme intifada)
- une de « résistance », soutenue principalement par le mouvement
de solidarité internationale, plus orientée sur la valorisation
des savoirs faire culturels palestiniens que le business pur. Construite en
opposition à la première et avec un désir d’indépendance
par rapport à l’occupant.

Savoirs faire traditionnels palestiniens : cuir à Hébron,
maille à Bethleem, Jeans à Naplouse….broderies dans toutes
les régions de Palestine.

*Contexte régional dans le secteur du textile
 :

Domination économique israélo-américaine
dans la région, surtout avec les pays voisins ayant signé un traité
de paix avec Israël : Egypte + Jordanie. Création de zones franches
pendant les Accord d’Oslo, qui s’avèrent être un échec
car il n’y a aucun détachement par rapport au schéma colonial
 : j’apporte les commandes (partie israélienne) et vous fournissez
les ouvriers (côté palestinien/jordanien/égyptien). Israël
est un pays qui vit lui même de ses exportations.

*
Marques visibles de l’occupation :
Base de témoignages
de professionnels palestiniens, documentaires sur le sujet, interviews écrites….

- contrôle et décision sur les importations et
les exportations
- taxe sur les importations à payer aux autorités israéliennes.
Cela rend les prix des matières excessifs et fait perdre beaucoup de
compétitivité aux prix des produits.
- pas de terminaux portuaires et aériens directs en Cisjordanie
- check points et contrôle israélien : 3 terminaux légaux
de sortie de marchandises pour plus de centaines de km de Mur.
- pas de réseau routier viable pour la circulation de marchandises palestiniennes,
routes interdites à la circulation pour les palestiniens.
- isolement des territoires : Bande de Gaza + Jérusalem Est = Prétextes
sécuritaires et militaires.
- restrictions de mouvements pour la population palestinienne Chaque ville est
un bantoustan. Peu d’échanges commerciaux entre le nord et le sud.

- Emploi de travailleurs palestiniens dans les colonies par des entreprises
israéliennes. Décision de Haute Cour israélienne en octobre
2007 d’appliquer le code du travail du pays dans les colonies. Une campagne
de boycott est lancée au niveau international (dont la France) depuis
2005 pour sanctionner toutes les entreprises israéliennes qui profitent
de l’occupation pour exploiter la main d’œuvre palestinienne.

Gaza : Historiquement forte activité
textile, de tissage. Les refugiés du village palestinien Al Majdal (devenue
aujourd’hui Ashkelon) sont installés dans le camp de Jabaliyah
de la bande de Gaza. Le tissu Majdalawi est chargé d’histoire ;
il est le témoin de l’exil forcé des palestiniens. Une association
dans la bande de Gaza continue à tisser ce tissu, signature dans les
vêtements traditionnels, de la région côtière du sud.

Rappel historique :
- Fin des années 1970 / Première Intifada (1987) : Création
de zones franches cogéré (israéliens / Palestiniens) sur
le même modèle que celles crées entre les israéliens
et les égyptiens.
- Point mort sur le plan économique pendant la première Intifada

- Accords d’Oslo : fleurissement de zones franches
- Deuxième Intifada : Ordres militaires qui étouffent toute initiative
économique.
- 2005 : Fermeture du point de passage de Karni (Nord). Conséquence :
Pertes économiques énormes car forte activité textile à
cet endroit là.
- 2006 : Début du blocus

Cela montre que les joint ventures sont une chose, mais que
la domination coloniale est bien là et nous fait s’interroger sur
le concept de « paix économique » ? Et puis les rapports
de domination/ classe sociales que l’on retrouve dans le système
capitaliste de toute manière. Alors dans cette économie dite industrielle,
quand sortira-on du schéma suivant ?

Israélien : Donneur d’ordre ET Palestinien
 : main-d’œuvre bon marché.

Face à tout ceci, une résistance économique
dans un esprit d’indépendance par rapport à l’occupant,
s’impose en Palestine et une solidarité envers cette résistance
s’impose ici !

Palextile, c’est :

Des collections made in Palestine confectionnées et
sérigraphiées par des artisans locaux ou brodées à
la main par les femmes du centre culturel Al-Rowwad du camp de réfugiés
d’Aida (Bethléem).

Tout en intégrant la création contemporaine,
elles s’inspirent de l’histoire de la Palestine : coupes classiques
revisitées, graffitis du Mur sérigraphiés, motifs traditionnels
et nom des villages détruits en 1948 brodés sur les vêtements.
Le vêtement devient ici le vecteur d’une autre image de la Palestine
 : celle d’une population créative et plurielle, qui résiste
à l’occupation israélienne malgré l’isolement
et l’amputation de ses libertés.

S’habiller : une nouvelle forme de solidarité.

Cette évolution de la broderie d’artisanat vers
la broderie sur le vêtement est un moyen de partager la richesse de l’héritage
culturel palestinien, transmis de mère en filles depuis des siècles.
Cela permet au collectif de femmes du camp d’Aida, d’avoir des revenus
permettant de répondre aux besoins de la famille, très souvent
déstructurée, conséquence de l’occupation israélienne.

Resistance en Palestine, Solidarité à
cette résistance en France, voilà les enjeux de Palextile.

La boutique où sont exposés les broderies
et les créations de Palextile
est ouverte tous les samedis (24 rue Custine, 75018 Paris).

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