Les Amis d’Al-Rowwad

"Une chienne de garde de l’apartheid à Al Khalil (Hébron)"

"Anath Cohen, israélienne sioniste, gifle en plein Shuadat Street une femme française de cinquante ans participant à un voyage de découverte de la Palestine. Nous sommes accompagnés du fils de notre hôte palestinien, un enfant de onze ans. La sioniste sauvage refuse sa présence."

"Après avoir sillonné la Palestine pendant deux semaines et rencontré chaque jour les horreurs que fait subir Israël aux Palestiniens, notre séjour se termine à Al Khalil où nous souhaitons aller rendre visite à Nisreen Azzeh, la veuve d’Ashem mort quelques mois plus tôt sous les gaz lacrymogènes de l’occupant. (Ashem était assigné à résidence depuis 2012 par les autorités israéliennes). Il avait assisté quelques jours plus tôt à une réunion où il s’était opposé publiquement au Président de l’Autorité Palestinienne).

A 10h30, le check-point de Tell Rumeida, à cinq minutes de la maison de Nisreen, me refuse le passage sans raison. J’imagine que nous sommes vendredi, proche du sabbat, et que l’armée ne souhaite pas la présence d’étrangers dans ce quartier d’Hébron. Nous faisons le tour par la vieille ville : les rues du souk, un café ou limon-nana pris dans un nouvel "espace vert"... Le check-point au niveau de la Mosquée d’Abraham est lui traversé sans problème. En attendant deux de nos amis entrés à la Mosquée d’Abraham pour la prière du vendredi, nous descendons l’esplanade et tentons de prendre la direction du quartier où de magnifiques maisons anciennes ont été confisquées et restaurées par les colons.

Stop ! Deux soldats nous demandent si nous sommes chrétiens – Oui – All of you ? Tout le monde ? Je pense alors à notre petit ami à côté de moi, tremblant. Le soldat lui pose durement des questions auxquelles il ne comprend rien, en hébreu sans doute. Je demande alors au soldat ce qu’il lui demande. "Cet endroit est interdit aux musulmans" ! Avant de repartir de l’autre côté, celui autorisé aux Palestiniens, je lui lance durement "Shame on you - C’est honteux !" Nous passons alors devant l’école primaire publique palestinienne fréquentée par les petits palestiniens qui sont contrôlés, chaque matin et soir, dans un check-point par des soldats armés jusqu’aux dents.(le centre d’Al- Khalil est cadenassé par une multitude de ces points de contrôle d’un autre âge).

La maison de Nisreen se trouve au bout de Shuadat Street, à 800 mètres.
Nous croisons à plusieurs reprises des soldats qui patrouillent dans cette rue fantôme interdite aux Palestiniens. Mais aucun panneau ne mentionne cette interdiction, pas de barrière, rien. Tout ça s’exécute sous forme de non-dits, tacitement.

La sécurité de ce quartier devait être assurée conjointement par les forces israéliennes et palestiniennes. Mais en 2002, l’armée israélienne viole le protocole et prend le contrôle total de cette partie de la ville. Toutes les échoppes des Palestiniens sont fermées et plombées depuis longtemps ; c’était le cœur marchand du souk d’Hébron : double peine après le massacre de 29 Palestiniens par Baruch Goldstein, médecin sioniste israélo-américain à l’intérieur de la mosquée d’Abraham en 1994 !

Nous arrivons quasiment aux trois quarts de la rue, presque à la limite à partir de laquelle les Palestiniens venant dans l’autre sens sont obligés d’utiliser un escalier sur la droite permettant de rejoindre un chemin de terre contournant la partie de la rue que nous venons d’emprunter et qui leur est totalement interdite.

Une voiture de l’armée ou de la police israélienne arrive alors précipitamment et nous demande pourquoi nous sommes ici. Je réponds qu’avant hier nous avons utilisé cette rue sans être inquiétés. Le soldat chauffeur me dit qu’un Palestinien est avec nous, un enfant, demande qui il est, d’où il est. C’est alors qu’une colon israélienne en furie arrive en hurlant, fait "non" du doigt au soldat qui s’arrête d’écrire sur son portable ce qu’il voulait me traduire et me dit de nous en retourner par là où nous sommes venus (sans emprunter le petit escalier réservé aux Palestiniens !!!). Nous tournons les talons avec notre petit ami.

Dans mon dos, un hurlement.

Une des participants de notre groupe vient de se faire gifler par "la chienne de garde de l’apartheid". Anath Cohen est coutumière du fait, de nombreuses vidéos en témoignent.
La police ou l’armée, pourtant bien présente sur les lieux, ne dit mot et repart en laissant la colon faire sa loi. A Al-Khalil, 2000 soldats assurent en permanence la protection de 5 à 600 colons qui sèment la terreur dans la population palestinienne (et auprès d’internationaux en visite).

Choqués nous revenons sur nos pas ; notre amie giflée par la colon s’aperçoit alors qu’elle a perdu ses lunettes ; elles ont dû voler lors du coup reçu. Je demande au groupe de m’attendre là avec le petit garçon et nous retournons à deux vers le lieu de la gifle. Bien sûr, la folle furieuse nous demande par des gestes de ficher le camp mais j’insiste et nous commençons à chercher. Cohen s’approche d’elle-même de la paire de lunettes pour que nos recherches aillent plus vite. Nous repartons sans omettre de lui lancer "Shame on you" ! Agressive, elle se redirige vers nous ; nous rejoignons le groupe.

La ville d’Al-Khalil est truffée de caméras, comme toutes les autres villes de Cisjordanie. Je demande donc aux autorités israéliennes de bien vouloir conserver l’épisode filmé ce vendredi 22 avril 2016 entre 14h et 14h30 afin qu’il serve de témoignage à la plainte qui ne manquera pas d’être déposée pour demander la condamnation d’Anath Cohen et réparations.
Quant aux droits élémentaires de l’enfant ? Affaire à suivre très sérieusement...

Une heure plus tard, nous retrouverons nos deux voitures ; après un contournement de plus de trois kilomètres dans la partie "palestinienne" non encore colonisée de la ville, deux d’entre nous réussissent à rencontrer Nisreen chez elle, après de longs palabres avec les soldats en faction non loin de chez elle ; ils "protègent" la maison d’un colon, émule de Baruch Goldstein, qui habite juste au-dessus de la maison de Nisreen. Nous restons à l’écart avec notre petit bonhomme de 11 ans sans que les soldats n’aient pu l’apercevoir. Nisreen vient à notre rencontre. Il est 16h30."

François-Xavier Gilles.



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